Le Havre
Ce film est du pur Kaurismaki, avec un arrière-fond permanent d’humour et de dérision, aussi bien dans le type de personnages que dans les situations vécues. Et cet humour nous aide à mettre à distance l’émotion que de telles situations pourraient engendrer. Une exception peut-être : cette scène où l’on ouvre le container, y révélant la présence de clandestins venant du Gabon. Une succession de gros plans fixes sur les visages nous émeut particulièrement. Le reste du récit est mené avec bonhomie, avec des « tableaux » qui rappellent le cadre et les personnages de « L’homme sans passé » (par exemple la scène du concert, ainsi que celle de l’invocation du code civil pour intimider un policier). L’actrice fétiche de Kaurismaki (Kati Outinen) s’y retrouve ici dans le rôle d’une femme « ange gardien » (rôle qu’elle tenait déjà dans « l’homme sans passé ») mais dont l’hospitalisation permet à son mari de sortir de son côté infantile et d’accéder à une responsabilité efficace pour sauver le jeune Idrissa.