Ilo, Ilo
Remercions le jury de la Caméra d’or d’avoir accordé son prix au film d’Anthony Chen. Sans un tel coup de projecteur, Ilo Ilo aurait bien risqué de faire partie de ces « petits » films qui recueillent quelques entrefilets de 500 signes, sont programmés deux semaines, et disparaissent.
Le sujet de base d’Ilo Ilo refuse sans doute toute originalité accrocheuse : c’est celui de l’apprivoisement progressif d’un jeune garçon odieux par une nounou fraîchement embauchée. Mais ici le thème constitue simplement le canevas d’un film dont l’importance est ailleurs. Car bien plus que le déroulement d’un fil conducteur que l’on peut trouver attendu, ce que décrit Anthony Chen, c’est la rencontre de quatre détresses dans une région où la dégradation économique fragilise le tissu familial : Terry, obligée de laisser son fils aux Philippines et de se mettre au service d’une famille étrangère qui la traite avec une dureté de classe dominante ; Jiale, dont la violence est l’expression d’une révolte contre une société devenue inhumaine ; son père, infiniment pitoyable dans la descente aux enfers du déclassement social ; sa mère, dont la sécheresse apparente est une cuirasse qui l’emprisonne elle-même.
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